Monuments

L'église Saint Remy (ou Remi)

À l’origine une chapelle

À l’origine existe une chapelle, déjà à l’époque sous le patronage de Saint Remi. Les premières traces d’une église à Gespunsart remontent au XIIe siècle. 

C’est vraisemblablement au XIIe siècle que fut bâtie la première église du village, à l’emplacement de l’église actuelle. Mais à la différence de cette dernière, celle-ci est orientée suivant les traditions chrétiennes le chevet vers l’orient et la façade vers l’occident. Autour de cette dernière se trouve le cimetière. Cette église de style roman est petite et massive. En forme de croix, elle mesure 22 mètres de long (72 pieds) sur 9 de large (10 pieds). Le chœur est long de 6 mètres (20 pieds), l’abside est surmontée d’une voûte en anse de panier. Le reste de la nef n’est pas voûté et éclairé seulement par quelques petites fenêtres. Les bras renferment deux autels latéraux, dédiés à la sainte vierge et à saint Nicolas. L’autel principal, changé au XVIe siècle, est formé de quatre colonnes en marbre gris surmontées de deux consoles réunies en sommet en forme de baldaquin. Sur les côtés du maître-autel deux niches contiennent les statues de la sainte vierge et de saint Remi. Le plus majestueux des ornements de l’église est la chaire, remarquable de par ses sculptures. Sur le devant de l’église s’élève une tour à plusieurs étages qui offre un lieu d’observation privilégié. Catherine de Clève fait fortifier cette église, elle y fait construire des tourelles pour le guet et placer devant la tour des mâchicoulis.

Restauration de l’ancienne église

En 1762, une visite épiscopale constate la vétusté de l’édifice. Pierre-Louis Michaud, curé du village, qui n’a aucun espoir d’obtenir une reconstruction, entreprend de restaurer l’intérieur de l’église (1768-1769). Il fait ouvrir 12 fenêtres, six dans la nef et trois dans chacune des chapelles latérales, fait remplacer le plafond en planches de la nef par une voûte en anse de panier, les quatorze fermes de la charpente furent modifiées, et la voûte est établie en planches de chêne. Les deux confessionnaux sont transportés près des chapelles latérales, et remplacés par un lambris neuf. Les deux confessionnaux sont renouvelés, et la sacristie meublée d’une armoire. Toute  l’église est recrépie et les trois autels remis en état.

La nouvelle église

Mais face à une population toujours croissante, l’église est de taille insuffisante. Si bien que vingt ans à peine après la restauration, il faut songer à une reconstruction totale du monument.

La communauté adressa en décembre 1787 une requête auprès du roi qui lui permit en avril 1788 de construire une nouvelle église. Comme un signe, peu de temps après l’autorisation de construction, le cintre de l’ancienne église s’écroule.

Le plan de la nouvelle église est dressé par J.-Bte Prévost, notaire royal à Gespunsart. Les travaux d’exécution sont confiés par adjudication à Marion-Templus.

La pierre de taille est prise à Dom, les pierres des murailles sont extraites dans les carrières de Grigny et de la Faliseule. Une scierie est établie le long de la Goutelle pour débiter les gros bois de charpente. 

La nouvelle église voit le jour en 1790, la dédicace de celle-ci a lieu le 13 janvier, jour de la fête de son patron, Saint Remi. Elle mesure 45 mètres de long sur 20 de large, et conserve une grande partie de l’aménagement de l’ancienne église.

Des premières années difficiles

A peine terminée, la municipalité entre dans un long conflit avec l’entrepreneur Marion qu’elle refuse de payer, l’accusant de malfaçons sur la « grand’porte, de l’armature des fenêtres, des chevrons, de la charpente, clouée au lieu d’être à tenons et mortaises, et les plombs de la toiture qui ne se croisaient pas assez. »L’affaire traîne pendant des années. Après la mort de l’entrepreneur, ses héritiers renoncent à poursuivre la commune.

L’église a tout juste le temps de servir au culte que la révolution éclate, laissant le monument quelques années plus tard dans un état déjà délabré, essentiellement dû aux exactions des révolutionnaires.

La municipalité doit faire remettre en état l’orgue qui ne rend que des fausses notes, fatigué par les patriotes.

Deux des cloches qui avaient été enlevées par le gouvernement de la révolution sont remplacées en 1826 par deux autres, qui sont fondues à la scierie par le sieur Loiseau, avec les quatre timbres de l’horloge.

En 1833, le cimetière qui entoure l’église est transféré à son emplacement actuel, sur la route de Neufmanil.

Des histoires de cloches

Sous le second empire Gespunsart entame un vaste programme d’améliorations du village, et en 1864 elle met en place la restauration du clocher.

En 1917, en pleine guerre, les Allemands enlèvent les deux cloches du village.

Dans les années 1920, les communes Iséroises de La Mure, Mayres-Savel et La Motte-Saint-Martin recueillent des fonds pour la commune sinistrée, l’argent sert notamment à restaurer l’église (cloches, orgue).

Les nouvelles cloches sont installées et bénis le 6 avril 1924.

En 1966 l’église est  amputée de son troisième clocheton menaçant de s’écrouler.

L’édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1984.

En novembre 1999 débutent les grands travaux de restauration du clocher disparu, et en août 2000 le nouveau campanile, haut de 8 mètres cinquante et de sept tonnes, prend sa position en haut de l’église.

En 2000, la sauvegarde de l’art français accorde une subvention de 18 294€ pour la restauration du clocher.

Le 17 février 2001, en présence du maire de l’époque, Francis Lambinet, le coq restauré reprendra sa place du haut de ses 53 mètres.

L’église, bien que dans un style indéfini et avec une orientation inhabituelle, possède un mobilier remarquable. Deux orgues, de nombreuses statues dont les quatre de l’autel du chœur sont classées, trois autels tous classés, de nombreux tableaux.

Voici la description faite de son intérieur par la fondation sauvegarde de l’art français :

« L’église se compose de trois vaisseaux séparés par des files de colonnes galbées recevant des arcs surbaissés sous une corniche moulurée ornée d’oves. Le vaisseau central est couvert d’un plafond à voussure, les bas-côtés de fausses voûtes d’arêtes. L’éclairage provient des vastes baies en plein cintre percées sur les flancs de l’édifice. Le riche mobilier de l’ancienne église avait pu être récupéré pour orner le sanctuaire et les extrémités des collatéraux. Seize stalles en chêne sculpté furent apportées, au début de la Révolution, de l’abbaye de Sept-Fontaines. L’orgue provient de l’église Saint-Pierre de Mézières. Rare témoignage d’architecture religieuse contemporaine des premières heures de la Révolution, l’église de Gespunsart témoigne d’un curieux éclectisme formel. »

La chapelle du Saint-Lieu

Le 5 janvier 1716, on s’aperçoit à Lumes que le tabernacle de l’église a été forcé et que les vases sacrés ont disparu avec les hosties qu’ils contenaient. La justice ouvre une enquête, toutefois sans rien découvrir. Cependant les soupçons publics accusent une femme d’une réputation suspecte. Après interrogatoire, elle avoue avoir violé le tabernacle de l’église de Lumes, poussée par la cupidité, puis avoir pris le chemin pour retourner dans son pays en passant par Gespunsart. Parvenue sur les hauteurs du village, prise de remords, elle ouvre le ciboire, enveloppe les saintes hosties dans un linge et les jette dans les bois. Elle aurait même selon la tradition, brisé le ciboire à coups de pierres pour mieux le dissimuler.

Après ces révélations, la justice d’Orchimont ordonne une enquête sur les lieux, et la femme est conduite sur les lieux. Le 24 mars, soit quatre-vingts jours après le vol, tout le monde se livre à la recherche des hosties mais en vain. Les recherches continuent mais on ne retrouve que des cristaux, qui ont été détachés de l’ostensoir, et que la voleuse a jeté ou perdu dans les bois.

Le 27 mars, les recherches sont enfin couronnées de succès. Jean Ravignon, de Gespunsart, découvre un paquet de linge qui contient les hosties. Le curé rapporte les hosties à la paroisse, il les dépose sur l’autel et les renferme ensuite dans le tabernacle.

Le procès contre la femme est en cours d’instruction lorsqu’elle meurt durant le débat, aucun jugement ne sera rendu.

Cependant les habitants adressent une supplique à l’archevêque « souhaitant avec piété et zèle de contribuer de toutes leurs forces à la réparation d’un si terrible attentat fait à Dieu, et de laisser à la postérité une sainte horreur d’un si horrible crime. » Ils le supplient de leur laisser le linge qui renfermait les saintes hosties, de leur permettre de bâtir une chapelle sur le lieu de la découverte.

Jean Ravignon, qui avait découvert les hosties et qui est un fervent chrétien, ne fut plus nommé que le saint homme. Le bois où les hosties ont été retrouvées est surnommé le saint-lieu. Une chapelle y est construite, Tous les ans, le dimanche de la trinité, la population s’y portait en foule. On pouvait y observer un tableau représentant la voleuse arrêtée par un douanier. 

La chapelle est détruite pendant la révolution et est remplacée par un calvaire.

En 1842, une nouvelle chapelle est érigée à la place de l’ancienne par le curé Sylvain Délescaut. Le calvaire est conservé et établi un peu plus haut dans le bois.

Le monument aux morts

Gespunsart n’a jamais été épargné durant les conflits mondiaux. 

Le village ne dénombre pas moins de 61 habitants tués pendant la période de la Grande Guerre, dont 6 civils. (8 selon Emile Marie, maire de Gespunsart durant l’occupation)

Un premier monument aux morts a été installé en leur mémoire.

Pendant le second conflit, Gespunsart perd 12 de ses habitants, parmi eux 5 civils. Un second monument est érigé en lieu et place du premier, commémorant les deux conflits.

D’autres édifices en hommage des victimes de la guerre sont visibles dans la commune.

  • Plaque commémorative 1914-1918 de l’harmonie municipale visible au sein de la mairie « L’harmonie de Gespunsart à ses musiciens morts pour la France »
  • Plaque commémorative 1914-1918 dans l’église saint Remy
  • Monument aux morts du cimetière «  Aux enfants morts pour la France 1914-1918 1939-1945 »
  • Plaque commémorative Hilaire Carlin place des Pâquis «  Ici le 5 septembre 1944 les Allemands en retraite ont lâchement assassiné Carlin Hilaire, âgé de 54 ans, veuf avec huit enfants. Ni pardon, ni oubli – Offert par les Combattants Républicains »
  • Plaque commémorative Léon Thomas, chemin à droite de la scierie sur la route de Rogissart «  Ici est mort le 25 août 1914 à une heure et demie du soir Léon Thomas âgé de 25 ans, Maréchal des logis de gendarmerie en garnison à Neufchâteau (Belgique), tué par les uhlans allemands. Son corps repose au cimetière de Vivier-au-court, commune des Ardennes où il était né le 2 août 1889 »